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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
de plus près l’étranger qui venait rendre
visite à leur hospitalière contrée. Les hom
mes s’empressaient pour porter mes vali
ses, et peut-être inspecter de plus près
ce qu’elles contenaient. Je soupçonne que
les femmes avaient d’autres intentions,
mais sympathiques : toutefois tant d’em
pressement m’inquiétait quelque peu.
« Tout à coup, un grand diable, qui
s’était je ne sais comment caché derrière
moi, se jeta fort intrépidement entre ma
personne et l’accueil trop enthousiaste de
ses compatriotes. Il était vêtu, d’une façon
éblouissante, d’un uniforme de général
français, moins le képi, remplacé par une
calotte ronde qui jadis avait été entière
ment dorée. Ce personnage imposant te
nait à la main un formidable fouet en cuir
d’hippopotame. 11 le brandissait à droite
et à gauche d'un air d’impétueuse auto
rité, mais je dois reconnaître qu’il n’eut
aucun besoin de s’en servir : la nom
breuse assemblée venue à ma rencontre