ARTHUR RIMBAUD
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SONNET
POÈME INÉDIT
Des nuits du blond et de la brune
Rien dans la chambre n’est resté.
Pas une dentelle d’été.
Pas une cravate commune.
Et sur le balcon où le thé
Se prend aux heures de la lune,
Ils n’ont laissé de trace aucune:
Aucun souvenir n’est resté.
Au bord d’un rideau bleu, piquée
Luit une épingle à tête d’or,
Comme un gros insecte qui dort.
Pointe d’un fin poison trempée,
Je te prends, sois-moi préparée
Aux heures des désirs de mort.
Arthur RIMBAUD