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LES CHAMPS
V
Les jardins potagers sont entourés de clôtures
variées et d’arbres de mai ou d’octobre qui lais
sent le vent aller à la dérive. Quelles sont ces
maisons galeuses qui n’ouvrent leurs volets qu au
grand jour ? Les cheminées majeures et les portes de
fer des bâtiments monotones laissent courir les cris
et les ronrons des machines. Il faut encore tourner
le dos. Ce sont des maisons basses qui nous guet
tent. Les habitants sont d’anciens fonctionnaires
des colonies. Dans leurs regards, on peut lire la
crainte des tapirs et leur voix est semblable aux gé
missements des chacals aventureux. Ils laissent
passer cet homme si grand et si courbé, puis ils l’ap
pellent pour lui servir des plats épicés et lui conter
des histoires inventées.
Il y a au centre africain un lac peuplé d’insectes
mâles et qui ne savent que mourir à la fin du jour.
Il y a plus loin encore un grand art>re qui surplombe
les montagnes voisines : le chant des oiseaux est plus
morne que la couleur des voiles.
Vous ne connaissez pas les mineurs qui construisent
des théâtres dans les déserts. Les missionnaires qui
les accompagnent ne savent plus parler leur langue
maternelle.
A tous les carrefours, les femmes viennent cher