MAGNÉTIQUES
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cher l’eau limoneuse que leur abandonne la colline,
couleur des nuits malheureuses. On entend chaque
soir un bruit sombre qui passe douloureusement
pour nos oreilles fatiguées : c’est ce voyageur amai
gri qui s’asseoit sur le bord d’un fossé. Les mouches
orangées des routes commençaient à s’assoupir.
Effrayées de cette ombre qui les couvre, elles tour
nent en masses serrées et se posent sur ses joues
poussiéreuses. Mais il ne voit rien d’autre que la
chaleur probable d’un village et le courant d’air qui
lui coupera ses mains courbaturées. La nuit s’ap
proche et ses yeux se ferment. Son rêve est ardent et
rèche : galops valeureux des oublis, monstre tou
jours coupable, sources silencieuses des journées
abîmées, malheurs des hommes touchant des
primes, fumée des mots clairs et des lignes obscur
cies.
Qui dissipera ces cauchemars sans cesse renais
sants ? Les mouches désenchantées se sont tues et le
compagnon le plus sûr est ce tas de cailloux qui fixe
la route. O11 ne peut donc plus savoir quel crime
a commis cet homme qui dort profondément au son
des chants étoilés. Les rêves se tiennent par T amain :
habits des femmes écorchées, soupirs des oiseaux
morts de faim, cris dés bateaux de bois, profondeur
des précipices sous-marins. Un poisson à la che
velure souillée glisse entre les bras des plantes.
Un mollusque effrayé jette un regard sur toute