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L’ŒUF DUR — là 
— Que je suis seule, dit-elle ! Je ne ferai plus de peinture. 
D’abord j’ai oublié ma boîte de couleurs chez mon peintre. Et 
je cherche un vieillard, pour assurer mes jours. C’est beaucoup 
moins compliqué, et c’est si proche de la peinture. Je continuerai 
le chant, parce que j’ai du talent. J’irai à l’Opéra. Mais j’ai 
si mal à la gorge. 
Sur les conseils de son maquignon, elle fit de son hôtel une 
maison, reçut nombre de clients : 
— Que je me sens seule, dit-elle, parmi ces hommes en quête 
d’amour. Plus il y a d’hommes, plus je me sens seule. C’est 
Guez de Balzac qui l’a dit, ou Jules Sandeau, ou un autre, ou 
n’importe lequel. Mais que je me sens seule ! 
C’est pourquoi elle recevait elle-même les habitués de la 
maison ; et des passants. 
— Quelle pauvre vie, je mène, dit-elle ! Je ne suis vraiment 
pas assez sage. Mais la sagesse est superflue. C’est le sage qui 
le dit. Je vais faire du théâtre. Le théâtre, c’est la vie. Ils se 
ressemblent tellement ! Ou si peu 1 Mais c’est la même chose ! 
Et comme c’est la même chose de dire que tout est la même 
chose ! 
Elle happa au passage le premier jeune acteur qui entra. 
— Que je suis triste et seule, dit-elle ! Mais mon chauffe- 
bain est cassé. 
— Qu’à cela ne tienne, répondit-il ! Venez chez moi et je 
vous apprendrai la pantomime. 
— Enfin sauvée ! dit-elle. 
Mais elle attrapa la vérole, et comme elle ne revenait jamais 
en arrière, elle resta malade jusqu’à sa mort sans trop pleurer.
	        
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