Volltext: Ça ira (4 = 1920, juillet)

ÇA IRA I 
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Mais, nous explique-t-on, le jury ayant 
1200 toiles à examiner et ne pouvant en ad 
mettre que 300, il lui était impossible de 
satisfaire tout le monde. Et entre un portrait 
de Matisse et une composition de M. Samuel 
De Vriendt ou un paysage de M. Léopold 
Haeck, il n’y avait pas à hésiter un seul instant, 
n’est-il pas vrai ? 
❖ 
* * 
Si, en ce qui concerne la peinture, le jury 
a fait preuve d’une stupidité égalée seulement 
par son dégoûtant esprit de camaraderie, cela 
n’est cependant rien en regard de la sélection 
qu’il a opérée pour constituer la section de 
sculpture : celle-ci est en dessous de tout. A part 
l'admirable Vierge folle de Rik Wouters, qui 
contient en germe toute la sculpture expression 
niste, on n’y voit que des bustes de curés béats 
et de généraux satisfaits, alternant avec de 
vastes groupes en plâtre du genre “ Kolossal 
pitoyables de nullité. G.M. 
U Après-Midi d'un Faune 
(Six linos de H. van Straten). 
Je suis persuadé que van Straten n’a pas conçu les 
six dessins qu’il vient de réunir en un élégant porte 
feuille, comme devant être une transposition plastique 
du poème de Stéphane Mallarmé: La poésie imma 
térielle et presque métaphysique de celui-ci ne saurait 
être “ réalisée „ graphiquement sans perdre son sens 
profond. Les éléments subtils et mystérieux qui la 
composent ne se laissent pas enfermer dans le cadre 
trop précis d’un dessin et il serait puéril, de la part 
d’un peintre, de vouloir compléter — avec des moyens 
qui lui sont propres — l’œuvre mystique de cet 
individualiste absolu. 
Je veux donc croire que van Straten n’a choisie la 
divine “ églogue „ de Mallarmé qu’en tant que prétexte 
à une série de dessins originaux qui ne prétendent 
nullement en illustrer le texte. Et, cette réserve faite, 
nous pourrons les admirer avec une joie d’autant plus 
grande, que leur audacieuse apparition vient heureu 
sement rompre la platitude des manifestations arti 
stiques de notre Béotie. 
van Straten possède un talent d’une remarquable 
indépendance et il s’en sert avec une maîtrise parfaite. 
Ses linos se distinguent non seulement par leur 
souple élégance, mais aussi par leur intensité d’expres 
sion, bien qu’elles soient presque entièrement des 
sinées au trait et que l’auteur néglige ainsi les faciles 
effets d’opposition de noirs et de blancs. Quelques 
lignes nerveuses mais assurées lui suffisent pour faire 
surgir les corps des naïades qui palpitent entre les 
mains avides du Faune, déguisé en arlequin, ou qui se 
délivrent de ses bras et fuient éperdument devant lui. 
De légères touches de couleur verte ou mauve, dispo 
sées avec beaucoup d’art, rehaussent l’harmonie de 
chaque composition et en font de petits tableaux, 
dont la délicatesse ne manque cependant ni de 
caractère, ni même d’un certain dynanisme. 
J’espère vivement que M. van Straten nous per 
mettra bientôt d’apprécier son art d’une façon plus 
complète et qu’une exposition de ses œuvres viendra 
nous renseigner sur les différents aspects de son beau 
talent. GJVL 
Les Livres 
Le don de ma mère par Noël Garnier 
(Ernest Flammarion, Paris). 
Henri Barbusse préface ce recueil. 11 nous 
présente un poète de vingt-cinq ans, *’ sous- 
officier, puis officier de chasseurs qui a conquis 
en première ligne tous les honneurs et tous 
les rubans, et qui, depuis, s’est imposé à la 
foule par l’éloquence de son apostolat 
humain „. “ Un des beaux livres vrais de la 
guerre, ajoute-t-il. Dans le livre, la vision du 
cataclysme sort par lambeaux de l’émotion et 
de la tendresse. „ Ainsi lancé, Noël Garnier 
ne peut que parvenir. Voyons com’ ien cet 
éloge est surfait, et n’oublions pas qu’une 
préface est généralement une excuse T /oire le 
seul attrait d’une œuvre. 
L’auteur dédie son travail à sa mère, qu'il 
vénère, et qu’il a perdue étant jeune. Pendant 
la guerre, dont il a compris toute l’horreur, il 
pense souvent à elle, et lui voue ses doulc .irs, 
ses faiblesses. Il souffre des spectacles terribles 
qu’il voit, des idées funèbres qui l’assaillent, 
des doutes qu’il connaît. Et l’image idéale de
	        
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