titeur Bobèche ; le combat se termine élégam
ment par la mort de ce dernier.
D’aucuns éprouveront quelque difficulté à
comprendre du premier coup la langue parlée
par ces rudes voyous : l’argot des apaches est
une langue à part, en dehors de toute langue
civilisée. Mais combien plus réel le récit, et
plus savoureuse la langue ! Car qui croirait à
la vérité d’un caractère d’apache si cet apache
parlait comme un académicien ayant travaillé
pendant 25 ans au DICTIONNAIRE ?
En somme, un bon roman, dont nous croyons
pouvoir franchement recommander la lecture.
JL.
*
* *
Jérome et Jean Taraud: Marrakech ou les
Seigneurs de l’Atlas (Librairie Plon, Paris ’20.)
Nous aimons beaucoup le Dingley des
Taraud, et nous aimons très peu Marrakech.
C’est un livre que sans doute l’éditeur Plon
marquera volontiers de l’astérisque lui conférant
l’attribut de “ pouvoir être mis entre toutes les
mains ,,. Ce n’est donc pas un “ mauvais livre,,
mais cela n’implique pas qu’il soit bon.
Qu’est-ce que Marrakech, en somme ? line
longue suite de rédaction de classe du genre
“ description ,,, mais où il y a, avouons-le, de
fort belles pages, noyées dans le reste qui ne
vaut que peu de chose. En dehors de cette
“ description narrative ,, ou “ narration des
criptive ,,, il y a l’éloge des généraux Lyautey
et Galliéni, l’ordre aux soldats français qui ont
conservé le Maroc à la France, tandis que
d’autres se battaient en Europe pour lui con
quérir l’Alsace.Tel est, somme toute le résumé
du livre....
Un livre d’un nationalisme étroit, passable
ment insignifiant, où les idées médiocres ne
font guère défaut. A côté de passages entiers
vides d’intérêt, il y en a quelques-uns qui sont
vraiment bien (la description du Ghetto maro
cain, entre autres). Malheureusement, ces
quelques pages ne compensent pas l’accablante
monotonie et l’insignifiance morne du reste.
Décidément, nous craignons bien que Mar
rakech n’ajoutera pas grand’chose à la gloire
des Taraud, anciens lauréats du Prix Goncourt !
JL.
*
0 H» V
Liluli, par Romain Rolland (Ollendorff).
Cette dernière œuvre d’imagination de
Romain Rolland, qui avait parue en 1919 aux
éditions du “ Sablier ,, à Genève, et qu’Ollen-
dorff vient de rééditer, nous a désappointé.
Non qu’elle soit faible, (un autre auteur pour
rait se glorifier de l’avoir écrite) mais surtout
parce que nous attendons de Romain Rolland,
qui est un des “précurseurs ,, de la génération
nouvelle et dont le Jean-Christophe forma tant
des nôtres, une parole plus décisive et plus
marquante que nous offre Liluli.
Alors que nous espérons ce qui, peut-être,
pourrait raffermir notre marche vers les jours
nouveaux, Romain Rolland ne s’occupe dans
ce livre, écrit pourtant lors des dernières
semaines de la guerre, quand Lénine et Trotsky
depuis un an déjà tentaient de régénérer la
Russie par le communisme, que de choses
passées. Il combat les traditions et les idoles
mauvaises, et là s’arrête son effort. Ce combat
est nécessaire, certes, mais nous n aimons pas
que ce soit Romain Rolland qui le livre. Nous
aimons en lui l’annonciateur d’une nouvelle
aurore, l’apôtre qui se dresse “ au-dessus de la
mêlée ,, et qui ouvre la route.
Ce que nous déplorons le plus c’est de
n’avoir pas trouvé dans Liluli la foi en l’avenir.
Le livre clôt sur l’effondrement de notre
société, dévastée par une guerre que des diplo
mates ont créée, inventant un casus belli là où
les peuples ne demandaient qu’à vivre en paix.
Le livre est négatif, alors qu’aujourd’hui ce que
toutes les consciences libres réclament, c’est un
geste positif, et il aurait suffi d’un chœu