Volltext: Ça ira (7 = 1920, octobre)

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ÇA IRA ! 
Guimauve 
A mon âmi Willy Koninckx, 
La petite commune de Landerneau 
était en proie à une profonde jubilation. 
Depuis la rue de la Station jusqu'à la 
place du Marché, des mâts avaient été 
dressés ; le ; long de la voie publique. 
Tous les balcons étaient fleuris, et les 
drapeaux déployaient sur les façades les 
plus vives couleurs. Un beau soleil d'été 
participait à l'allégresse des habitants. 
Les cloches de l’Eglise paroissiale de 
Saint Gédéon sonnaient à pleine volée. 
On tirait le canon. C'était un jour 
de fête nationale. ; Le garde-cham 
pêtre qui par surcoît cumulait les fonc 
tions de facteur et de pompier l’avait 
annoncé la veille à la population. 
Jamais les annales de Landerneau 
n’avaient enregistré un solennité aussi 
éclatante. Landerneau fêtait sa résurrec 
tion» Cette vaillante petite commune 
dont l’histoire avait été si navrante était 
parvenue à briser l’hégémonie des 
Hurons. Elle était rendue enfin au 
duché de Zébrovie dont elle avait été 
odieusement séparée il y a plus d’un 
siècle Ainsi en avait décidé le sort 
des armes. 
C'était un pavoisement inoui. Un 
peuple bruyant fourmillait dans les rues. 
Des groupes stationnaient devant 
une proclamation rédigée en Zébrovien. 
Le conseil communal s’était réuni en 
séance plénière et avait adopté à l'una 
nimité un crédit extraordinaire, en vue 
d'organiser les réjouissances publiques. 
Les bureaux et les écoles étaient 
fermés et la visite d’un représentant du 
gouvernement zébrovien achèverait de 
donner à la manifestation le caractère 
solennel qu’elle devait comporter. A 
midi le cortège des sociétés patriotiques 
s’était formé. La population était massée 
sur le bord des trottoirs pour voir défi 
ler les bannières. Les privélégiés étaient 
suspendus en grappes aux balcons ; tan 
dis que les gamins de Landerneau 
s’épanouissaient en thyrse au haut des 
réverbères. Un détachement de boy- 
scouts assurait le service d’ordre avec 
un sens précoce de la discipline mili 
taire. Les petites Landernoises roulèrent 
des yeux blancs d'admiration lors 
qu'elles virent apparaître les gendarmes 
qui caracolaient, le sabre au clair, sur 
leurs coursiers. 
Dans la fièvre des préparatifs de la 
veille on avait dressé, sur la place du 
Marché, une estrade sur laquelle vinrent 
se grouper, à droite et à gauche, les 
filles et les garçons de Landerneau. Les 
chœurs entonnèrent une cantate, ap 
puyés par les accents vibrants de la fan 
fare commmunale. Dans la tribune réser 
vée aux autorités, on voyait monsieur 
le maire aux côtés du représentant du 
gouvernement zébrovien et entouré de 
tous les notables de la commune. 
Après l'exécution de la cantate, l'émo 
tion avait gagné tous les cœurs. Mon 
sieur le maire se leva, ceint de son 
écharpe tricolore. Oétait l’homme le 
plus vénéré de la contrée parce qu’il 
avait toujours conservé une foi iné 
branlable dans la cause de la patrie. 
Il prononça un discours d'une envolée 
irrésistible dont voici la substance : 
“ Excellence et chers administrés, 
Le tyran sous lequel nous avons si 
longtemps gémi est vaincu ; notre indé 
pendance nous est restituée. Notre
	        
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