Full text: Les feuilles libres (4(1922), avril-mai = No. 26)

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MARCEL RAYAL 
LA NOUVELLE 
OUVERT LA NUIT, par Paul Æorand. (Nouvelle Revue Fran 
çaise, édit.) 
La littérature des voyages ressemble à la vertu des femmes : on 
commence par ne plus y croire. Au fait, c’est un grief plausible. La 
mégalomanie du paysage, l'empirisme béat des découvertes, l'émer 
veillement superstitieux que nous valent un gratte-ciel new-yorkais ou 
une ** paillote " nègre n’abusent aujourd’hui que la sensibilité mal 
éduquée du primaire. La promenade exotique finit décidément tou 
jours par un “ tableau ” comme dans les chasses barbares. C'est qu’il 
y a des yeux qui ne savent pas ne pas voir. Leur réceptivité résiste 
mal au prestige des apparences nouvelles. Prodigues de leurs richesses 
jusqu'à l'impudeur ils dispersent même l’image réelle aux quatre points 
cardinaux de l’imagination romanesque. Somme toute une Polynésie 
suspecte nous repose de certain Congo trop véritable. 
Un couple d'hommes est venu, plus tempérant — cerveaux d'archi 
tectes, sincérité de photographes — les Tharaud. Avec le drap rèche 
et national de leur documentation, ils confectionnent un pays comme 
un complet-veston après en avoir pris les mesures économique, pittores 
que, légendaire. Ce que le corps d'une femme est pour un chirurgien. Ces 
touristes professionnels, commis-voyageurs de l'Orient morbide, nous
	        
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