UN VAINCU
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pu vous en rendre compte. Ce que j’ai fait
est aussi parfaitement, miraculeusement
rudimentaire que les oeuvres de ce peintre :
je croyais avoir droit au même succès. Et
vous me voyez ici, et vous venez d’entendre
ma prière : c’est assez vous dire que j’ai
échoué. Je n’arrive pas à vivre de ma pro
duction. Je n’y comprends rien, et vous
avouerez que cela est injuste.
— Cela est injuste, concédai-je volon
tiers ; mais je suis obligé de vous signaler
l’erreur fondamentale que vous avez com
mise. Vous la partagez, d’ailleurs, avec ces
autres jeunes écrivains que vous taxez de
timidité dans leurs procédés, mais dont
vous n’avez fait que suivre les traces, en
les dépassant. Ni eux ni vous n’avez réflé
chi qu’il suffit à un peintre, ou à un sculp
teur, d’un seul client pour encourager sa
manière, quelle qu’elle soit, et lui permet
tre de persévérer ; alors qu’il en faut plu
sieurs milliers à l’homme qui écrit.
— Vous dites ?