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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
— Alors, je me contenterai d’un vieux
pantalon.
— Et ta médecine ? lui demandais-je.
— Hélas ! faisait-il, ça n’avance pas. Je
suis toujours en première année. Que
veux-tu ? ces sales cours ont presque tou
jours lieu le matin.
Son père, modeste fonctionnaire qui se
saignait aux quatre membres pour l’aider
à continuer ses hypothétiques études, mou
rut un beaujoursans luirien laisser. Alors
les emprunts de Rajou à la bourse de ses
camarades devinrent plus fréquents et par
conséquent moins fructueux : il avait fa
tigué les bienveillances. Mais depuis que
tout va mal, contrairement à la vraisem
blance, lui a l’air d’aller beaucoup mieux.
L’autre jour il m’est venu trouver.
— Tu vois en moi, me dit-il, un homme
plein de courage : j’ai pris une profession.
— Laquelle ? demandais-je, plein d’ad
miration mais étonné.
— Je suis, me répondit-il, voyageur de