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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
qui sait, il est le confesseur de ceux qui
possèdent. Le député, c’est pour les faveurs ;
les tribunaux, pour décider sur ce qui est
douloureux ; mais le notaire dit ce qui est.
Il jouit d’une confiance héréditaire, anti
que, universelle. Et M. Rose fut confirmé
par le notaire dans sa tranquillité d’âme.
Non, il n’avait rien à craindre ; avec un
simple certificat de vie, délivré parle maire
de sa commune, il entrerait en possession,
sans plus de formalités, des arrérages de sa
rente, de tout ce qu’on lui devait depuis
des années. Ainsi, le cœur en paix, pourvu
de cette précieuse information, l’heureux
bénéficiaire d’une pension de retraite s’en
fut trouver le secrétaire de sa mairie. Et
quand on eut rédigé pour lui la pièce indis
pensable, il la porta au Trésor.
Mais le fonctionnaire compétent du Tré
sor considéra M. Rose avec une grande
méfiance. Il consulta ses registres pour
l’année 1919, et parut un instant rassuré ;
ensuite il revint en arrière et les compulsa