Volltext: 8 = 1920, novembre (8)

ÇA IRA ! 
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Stendhal que de vivre. Mais le plus 
noblement et de la plus belle façon 
possible. Et avec force. 
C’est encore en quoi il est plus du 
commencement du XX e siècle que du 
début du XIX e . 
Plus tard, l’âge mûr approchant, il se 
désintéressera, pour en avoir vu de près 
les médiocrités, du chemin qui conduit 
aux postes suprêmes. Mais jamais il ne 
se fatiguera de chercher l’amour et 
l’occasion de vivre de belles heures 
sentimentales. C’est qu’aussi, les débuts 
amoureux de Stenhal se placèrent à un 
moment ou tout : jeunesse, espoir en 
l’avenir, contact avec une armée à ses 
premières victoires, découverte des 
admirables paysages de l’Italie du Nord, 
s’unissaient pour creuser en une sensi 
bilité vive d’ineffaçables sillons. 
Et certes, il n’oubliera pas. Il prendra, 
et saura le conserver, le goût des 
passions fortes et graves, qui satisfont 
un cœur d’homme. Il cherchera même 
dans la femme “une âme de poète“ avec 
laquelle il pourrait goûter des bonheurs 
“au dessus de l’humain“. 
Mais ceci, c’est parler dans l’absolu..., 
Dans le relatif, dans le courant de l’exis 
tence, l’appréhension qu’il a du ridicule 
lui interdit de se livrer, tant qu’il n'est 
pas assuré de l’excellence intellectuelle 
et du cœur de sa partenaire. S'il doute 
seulement, il redevient l’homme d’esprit, 
se borne aux désinvoltures de l’amour- 
goût, évite toute apparence de gravité 
parce qu'il craint d’être profondément 
sentimeutal et, par conséquent, triste. 
Cela encore lui est dicté par son 
mépris pour l’exagération. Il lui plaît 
garder en toute la juste mesure et se 
conduire de façon à ne rien devoir se 
reprocher. Le souvenir d’un moment de 
faiblesse, d’une faute d’attitude ou d’un 
manque du présence d’esprit, suffit à lui 
gâter le souvenir des délicieux moments. 
Et souvent son ironie n’est qu’instinc 
tive réaction. Le ton général d’une 
conversation guide son attitude et s’il y 
découvre l’habituelle enflure, de l’hypo 
crisie ou un manque de sincérité dans 
l’exaltation, le voilà muet, froid ou 
railleur en proportion. 
De lui et de ceux qui lui ressemblent, 
il dit que : “S’ils aperçoivent de l’exa 
gération, leur âme n’est plus disposée à 
inventer que de l’ironie“. 
Ces manques de sincérité, ces atti 
tudes étudiées qu’il méprise en d’autres, 
il n’a souci que de les rectifier immé 
diatement en lui et de ne jamais se 
permettre l’expression de l’enthousiasme 
sans en avoir vérifié la qualité et la 
justesse. — Il exprime ce goût, il 
revendique cette préoccupation lorsqu’il 
écrit dans la vie de Henri Brulard : 
“Ma collaboration passionnée avec les 
mathématiques m’a laissé un amour fou 
pour les bonnes définitions, sans les 
quelles il n’y a que des à-peu-près“. 
Il apprécie donc en tout la clarté, la 
simplicité, le ton juste, également éloigné 
de l’exagération et de l’insuffisance. 
C’est ainsi qu’il dit, à propos de la phi 
losophie, ce qui serait presque appli- 
quable à la littérature de l’idée tout 
entière : 
“Pour être bon philosophe, il faut 
être sec, clair, sans illusion. Un banquier 
qui a fait fortune à une partie de carac 
tère requis pour faire des découvertes 
en philosophie, c’est à dire pour voir 
clair dans ce qui est.“ 
(a suivre).
	        
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