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L’Académie de Marseille l’a appelé à
prendre la place de Mistral.
La chose en soi n’aurait point d’importance
pour nous pour qui les faits et gestes des Acadé
mies importent peu, mais Emile Ripert a pro
noncé à cette occasion un “ Eloge de Mistral’ ’ qui
ne fut point seulement un remarquable discours,
mais demeure — imprimé — un merveilleux
poème en prose, tout imprégné d’émotion.
Des revues, dont nous aurons à parler, sont
nées malgré les difficultés matérielles de jour
en jour plus lourdes.
“Le Feu” d’Emile Sicard brûle encore devant
les autels de l’art et de la littérature. Lapolitique,
mégère horrible, ne pût l’éteindre. “La Coupe”,
que tenaient vaillamment de jeunes mains, ne
paraît malheureusement plus. La Revue de
Marseille du Dr Casteuil et de Pierre Coutras
promet un développement harmonieux.
Les Concerts Classiques, la Société de
Musique de Chambre, les Concerts du Majestic
donnent une musique classique et classée ; nous
signalerons seulement les efforts tentés pour
faire participer la musique à la sensibilité nôtre.
Décdat de Séverac n’est presque pas joué. A
peine ose-t-on du Debussy ou du Ravel choisis.
Je me souviens de l’effroi provoquépar l’éton
nant mais adorable feu d’artifice de Strawinsky.
Nous manquons ici comme partout, d’auda
cieux passionnés qui violentent l’âme des foules.
Nos théâtres jouent l’opérette ou le dernier
succès d’une tournée.
A Tarascon, grande fête, on a “ tourné ”
Tartarin. C’est Vilbert qui figurait Tartarin.
Des foules étaient accourues des environs et
lorsque Vilbert, harnaché comme toute une
armée, apparut au perron du cercle, ce fut une
immense acclamation. Le cortège où figuraient
tous les joyeux héros : Costecalde, l’armurier ;
le président Ladevèze ; le commandant Bra-
vida ; Bézuquet le pharmacien, fît l’ébahis
sement du bon peuple qui ne demande qu’à rire.
Un comité organise une “ Cour d’Amour
Quelques poètes viendront disserter sur des
sujets tels que celui-ci : que vaut-il mieux: aimer
toute la vie sans en rien obtenir, sa bien-aimée,
ou recevoir d'elle un baiser, puis mourir, choisis
dans les recueils detensons.
Le mouvement régionaliste prend de plus
en plus d’ampleur. Un congrès patronné par
la F.R.F. s'est tenu le 19 septembre à l’hôtel
de la Caisse d'Epargne des Bouches-du-Rhône.
Toute la France et jusqu’aux Wallons de Liège
avaient envoyé leur adhésion et, la plupart,
des représentants.
En sus des séances de travail, de belles fêtes
furent organisées. “ Lou Pan dou Pécat ” fut
joué avec grand succès non seulement à
l’Opéra de Marseille, mais à Avignon et Arles.
“ Le diable à l’hôtel ou les plaisirs imagi
naires ” de M. E. Henriot est une exquise
fantaisie sur Aix. La vieille ville somnolente,
il est venu la caresser. Elle lui a montré tous
les bijoux qui lui restent, ses façades mortes,
ses fontaines vives et le charme désuet mais
prenant des hôtels et du cours ombragé... sa
campagne un peu sèche qui semble une vision
classique, il en a savouré la netteté et le
dépouillement.
“ Les tranchées de Pélisanne ” du poète
Paul Souchon, expriment bien la philosophie
souriante du Midi. Ces territoriaux oubliés
dans la petite cité et qui creusent des tranchées,
n’ont pas l’air de croire à une vraie guerre.
Il y a trop de soleil, trop de femmes au soleil,
trop de soleil au cœur des femmes et des
hommes. L’égoïsme se manifeste partout, par
tout l'animal humain cherche le bonheur,
puisque c’est sa seule raison d’être, même
l’ascète ne se prive de joies immédiates que
pour en mériter d'éternelles, mais Mr Paul
Souchon dépeint avec précision et avec un
charmant humor cette bonhomie de l’égoïsme
méridional. Léon FRANC.