Volltext: Ça ira (3 = 1920, juin)

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L’Académie de Marseille l’a appelé à 
prendre la place de Mistral. 
La chose en soi n’aurait point d’importance 
pour nous pour qui les faits et gestes des Acadé 
mies importent peu, mais Emile Ripert a pro 
noncé à cette occasion un “ Eloge de Mistral’ ’ qui 
ne fut point seulement un remarquable discours, 
mais demeure — imprimé — un merveilleux 
poème en prose, tout imprégné d’émotion. 
Des revues, dont nous aurons à parler, sont 
nées malgré les difficultés matérielles de jour 
en jour plus lourdes. 
“Le Feu” d’Emile Sicard brûle encore devant 
les autels de l’art et de la littérature. Lapolitique, 
mégère horrible, ne pût l’éteindre. “La Coupe”, 
que tenaient vaillamment de jeunes mains, ne 
paraît malheureusement plus. La Revue de 
Marseille du Dr Casteuil et de Pierre Coutras 
promet un développement harmonieux. 
Les Concerts Classiques, la Société de 
Musique de Chambre, les Concerts du Majestic 
donnent une musique classique et classée ; nous 
signalerons seulement les efforts tentés pour 
faire participer la musique à la sensibilité nôtre. 
Décdat de Séverac n’est presque pas joué. A 
peine ose-t-on du Debussy ou du Ravel choisis. 
Je me souviens de l’effroi provoquépar l’éton 
nant mais adorable feu d’artifice de Strawinsky. 
Nous manquons ici comme partout, d’auda 
cieux passionnés qui violentent l’âme des foules. 
Nos théâtres jouent l’opérette ou le dernier 
succès d’une tournée. 
A Tarascon, grande fête, on a “ tourné ” 
Tartarin. C’est Vilbert qui figurait Tartarin. 
Des foules étaient accourues des environs et 
lorsque Vilbert, harnaché comme toute une 
armée, apparut au perron du cercle, ce fut une 
immense acclamation. Le cortège où figuraient 
tous les joyeux héros : Costecalde, l’armurier ; 
le président Ladevèze ; le commandant Bra- 
vida ; Bézuquet le pharmacien, fît l’ébahis 
sement du bon peuple qui ne demande qu’à rire. 
Un comité organise une “ Cour d’Amour 
Quelques poètes viendront disserter sur des 
sujets tels que celui-ci : que vaut-il mieux: aimer 
toute la vie sans en rien obtenir, sa bien-aimée, 
ou recevoir d'elle un baiser, puis mourir, choisis 
dans les recueils detensons. 
Le mouvement régionaliste prend de plus 
en plus d’ampleur. Un congrès patronné par 
la F.R.F. s'est tenu le 19 septembre à l’hôtel 
de la Caisse d'Epargne des Bouches-du-Rhône. 
Toute la France et jusqu’aux Wallons de Liège 
avaient envoyé leur adhésion et, la plupart, 
des représentants. 
En sus des séances de travail, de belles fêtes 
furent organisées. “ Lou Pan dou Pécat ” fut 
joué avec grand succès non seulement à 
l’Opéra de Marseille, mais à Avignon et Arles. 
“ Le diable à l’hôtel ou les plaisirs imagi 
naires ” de M. E. Henriot est une exquise 
fantaisie sur Aix. La vieille ville somnolente, 
il est venu la caresser. Elle lui a montré tous 
les bijoux qui lui restent, ses façades mortes, 
ses fontaines vives et le charme désuet mais 
prenant des hôtels et du cours ombragé... sa 
campagne un peu sèche qui semble une vision 
classique, il en a savouré la netteté et le 
dépouillement. 
“ Les tranchées de Pélisanne ” du poète 
Paul Souchon, expriment bien la philosophie 
souriante du Midi. Ces territoriaux oubliés 
dans la petite cité et qui creusent des tranchées, 
n’ont pas l’air de croire à une vraie guerre. 
Il y a trop de soleil, trop de femmes au soleil, 
trop de soleil au cœur des femmes et des 
hommes. L’égoïsme se manifeste partout, par 
tout l'animal humain cherche le bonheur, 
puisque c’est sa seule raison d’être, même 
l’ascète ne se prive de joies immédiates que 
pour en mériter d'éternelles, mais Mr Paul 
Souchon dépeint avec précision et avec un 
charmant humor cette bonhomie de l’égoïsme 
méridional. Léon FRANC.
	        
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