DANS ^EXPRESS-ORIENT
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i’effondrement d’une vieille gloire dans la
boue et dans la faim. Le Persan se rap
pelait ses capitales antiques, fleuries de
palais et de roses, livrées à des bandes de
brigands pillards, gardées par des cava
liers cosaques, dévorées hypocritement par
des étrangers qui un jour feraient dispa
raître jusqu’à l’ombre de ce Parlement
dont la naissance avait été saluée par les
acclamations enivrées des patriotes, par les
vers des poètes. Le Chinois sentait s’émiet
ter les bornes de l’empire à la façon du
morceau de sucre qui, par les bords, fon
dait en ce moment dans sa tasse de café :
la Mongolie absorbée par des voisins rapa
ces, le Thibet refusant le tribut, le Yunnan
en pleine insurrection.
— Il le fallait pourtant, dit-il d’un air
pensif, il le fallait ! Il n’y avait plus rien
que la pourriture et le désordre, la tyran
nie sans la consolation orgueilleuse d’obéir
à un tyran respecté de ses ennemis...
— Il le fallait aussi chez nous, firent