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FAITES VOS JEUX
TÊTE A TÊTE
XV. — La claire rencontre et la pierre du souvenir.
Pendant l’absence de Mania, il m’arriva qu’au cours d’une fête
donnée par des amis, je pris la défense d’une femme qu’un garçon
indélicat essayait d’importuner. Je le fis avec désintéressement et spon
tanéité car je ne la connaissais pas. Cela peut arriver à tout le monde,
et la chose en elle-même est dépourvue d’importance, mais dans le
cas présent il s’agit de deux personnages romantiques, Andrée et l’auteur,
qui avaient, chacun de son côté, un vide à remplir et se sentaient pour
cela fortement attirés.
Andrée me connaissait de vue depuis longtemps, mais, sur des bruits
qui couraient, s’était toujours méfiée de moi. Je la revis le lendemain.
Le printemps nous prêta un concours empressé et gracieux en envelop
pant notre promenade du charme de sa première journée.
Je compris tout de suite qu’Andrée qui était blonde simplifiait la
vie en disant toujours la vérité; la tranquillité que j’entrevoyais en elle
affirmait encore une fois la puissance du contraste, car moi, je ne
pensais qu’à m’échapper du labyrinthe de doute et de soupçons que
Mania avait tissé autour de moi.
Nous continuâmes donc à nous voir pour le plus grand plaisir
de nos yeux et de nos voix. Avec regret je me souviens de ces temps
où ma main dans la sienne signifiait encore une suffisante communication
entre nos esprits. Et à sa sincérité je répondis avec ce que je croyais
de plus sincère en moi. Les attitudes se dirigent réciproquement dans
la marge que laisse la gamme de la personnalité.
Les après-midi ou les soirées à passer ensemble étaient attendus avec
joie et c’est ainsi que nous résolûmes d’aller tous deux à la campagne.
Soleil et promenade : alcool des rires.
Il y a des conventions établies d’avance qui tirent des conséquences