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ÇA IRA !
Et je tâte, sans arrière marche,
blessant mes doigts
aux coins de marbre, aux clous de fer,
J’approche, hurrah I [aux barricades.
Je trébuche.
Mes os brisés, mes nerfs meurtris, mon
mon corps raidi [cœur miné ;
craque !
Mais j’atteins la fenêtre voilée ;
et la clarté
m'inonde.
III.
On dit que tu ne m’aimes pas. [rôles.
Mon être a fort senti le coup de ces pa-
On me l’a dit. Je n’ai pas répondu,
le mal est si subit
que je ne réponds pas à ce qu'on dit.
Or, les bouches sont closes ;
le son des voix m’envahit mieux,
et je mâche ma misère
interminablement.
Je contemple ma vie immobile.
J’arrête ma vie,
et je perçois mon corps dans le chaos,
distinctement.
Je vois tous mes atomes recueillis ;
je vois le sang caillé dans mes artères ;
mes yeux, mes bras, mes organes
sont absorbés
par la plongée de ces paroles
dans mon cœur.
Tu sais combien je suis sensible.
Tu sais aussi combien je t'aime
et tu sauras, si tu respectes mes pro-
combien ce mot brutal [messes,
me fait mal.
IV.
On a coupé les branches de mes bois.
Nous ne méditerons plus à leur ombre ;
nous chercherons les plaines rousses
et le soleil caniculaire.
L’infini des nuages, des villes, de l’eâu,
le feu,
par bonds tumultueux,
rongeant les cieux, [dins.
succéderont au charme simple des jar-
Willy KONINCKX.
Chez James Ensor
A deux pas de la mer, au fond d’un
magasin de bibelots, un escalier obscur
aboutissant à un couloir plus sombre
encore, mène à l’atelier de James Ensor.
Le cœur me bat pendant que je monte
les marches. Une indicible angoisse
m'étreint à l’approche de celui qui, tant
de fois, suscita en moi une admiration
fervente.
Une porte s’ouvre. La haute silhouette
noire du maître se dresse sur le seuil.
L’accueil est bienveillant.
Dans la vaste chambre du second
étage, transformée en un merveilleux
atelier, je m’abandonne à la joie de con
templer pieusement cette aristocratique
figure.
Des imaginations trop éprises de
romantisme, ont dépeint le maître vieilli
et misérable, vivant en avare, sans feu
ni lumière, au milieu de ses toiles. Une
légende s’est accréditée.
Ce n’est pas ainsi qu’il m’apparaît.
Tout de noir habillé, une distinction
infinie se dégage de sa haute stature.
Les belles boucles noires ont blanchi —-
il est vrai — le visage s’est aminci, mais
les yeux moqueurs y brillent vifs et clairs
et un charme pénétrant émane des traits
nobles et beaux, dont nulle ride sénile
ne déforme le précieux ivoire. Les ges-