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elle exerça une influence considérable sur l’évo
lution de la peinture.
Ce grand artiste avait une singulière infirmité,
c’était de ne pouvoir pratiquer un art dont il ne
fut pas le créateur. On ne me fera pas dire que
c’est cette infirmité qui est admirable chez lui.
Mais il est remarquable que, à une époque d’indis
cipline et de spontanéité, il ait tiré du riche fonds
de son esprit ce que les autres sont obligés d'aller
puiser dans les monuments des anciens. Tout homme
doué de sentiment et de raison éprouvera en
regardant une bonne toile de C é z a n n e (il y
en a de mauvaises) qu’il est en présence d’une
œuvre de tradition classique. Ce réaliste (il était
le camarade de Zola) cet impressionniste (il
était l’émule de Monet et de Pissarro) cet
autodidacte (il n’avait rien appris de Delacroix,
de Courbet et de Couture qu’il admirait)
allait désormais appeler l’attention sur les maîtres
les plus parfaits des écoles d’autrefois. Avec lui
c’était toute la culture latine qui, rénovée, rentrait
dans la peinture française par des voies insoup
çonnées. Il voulait, comme il me le disait à Aix
en Provence, donner à l'impressionnisme la solidité
des toiles de Musée. Spontané et maladroit, il s’achar
nait sur des compositions, des paysages, des na