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ÇA IRA !
La déchéance d Occident
L’Europe occidentale est en pleine
décadence. Nul n’en peut douter, s’il
n’est atteint d'une incurable cécité
mentale.
L’Histoire se répète, dit-on. En effet,
il suffirait d’approfondir les causes qui
déterminèrent la chute de l’empire
romain, par exemple, pour voir que
nous vivons — toutes proportions gar
dés —• dans les mêmes circonstances que
les Romains, peu de temps avant l’écrou
lement de l’empire.
La décadence.
Un ordre social nouveau s’élabore,
et sa naissance sera accompagnée sans
doute de déchirements atroces, pénibles.
Cela est-il étonnant ? N'est-ce pas dans
la douleur que se produit l’enfantement ?
Entretemps nous vivons en pleine
décadence.
A côté, au dessus des malheureux que
la tourmente a rejetés, voyez l’essaim
des exploiteurs de la misère populaire
et des affameurs publics, éclaboussant
leur entourage de leur luxe efïrené et
corrompu.
Et tandis qu’ils étalent complaisam
ment leurs richesses scandaleuses, le
peuple, en Italie, crève de faim ; les
femmes et les enfants, en Autriche,
meurent lentement d’inanition...
La cause ? Eternellement la même : la
guerre. Déclenchée pour briser l’élan du
socialisme victorieux, elle a frappé
durement et occasionné de profondes
blessures. Le Bourgeois est vainqueur,
car momentanément il a pu refouler le
flot montant de la révolution.
Et par suite du bourrage de crânes,
les peuples, de part et d’autre, ont cru
combattre pour une cause légitime, pour
la justice et la civilisation. Et qui oserait
prétendre, aujourd’hui, que l’harmonie
promise règne en tous lieux ? Où donc
est-elle, cette fraternité, cette liberté
pour lesquelles on s’est mutuellement
assassinés, et au nom desquelles on a
trouvé moyen de tuer tout ce que la
génération future promettait de meilleur?
D’aucuns parlent encore d’espoir et
de révolution sociale. La révolution
sociale est loin, et l’espoir bien près de
s’évanouir...
Nous sommes devenu bien, bien
pessimiste ! En qui peut-on mettre son
espoir d’une révolution, non politique,
mais sociale ? Ne comptons point, pour
le moment, qu’un prolétariat “conscient
et organisé „ la fasse. Car les masses ne
sont pas conscientes, chez nous, et elles
ne sont organisées que parce-qu’elles
possèdent des syndicats innombrables.
A quoi se limite-t-elle, l’action syndi
cale ? Dans nos contrées, elle se borne
à exiger des salaires chaque jour plus
élevés, et la réduction des heures de
travail. Travailler au minimum, et être
grassement rétribués : voilà le triste idéal
de nos ouvriers ! Idéal, révolution,
communisme ? Allez-y-voir !
Veut-on un petit exemple de l’inter
na.ionalism e du peuple ? Oyez : les
patriotes avaient organisé c’est leur
rôle — une “ manifestation monstre
contre le retour des boches „. N’insistons
pas sur le mauvais goût de certaines
invectives dont on se plut à faire usage,
ni sur la bêtise désolante de certaines
plaisanteries. Croyez-vous que les ou
vriers se soient — pour le moins —
abstenus, que le cortège ait passé au