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L’humanité souffre des contradictions
inhérentes à elle-même. Vouloir l’en
délivrer est méconnaître son essence.
Les contradictions subsisteront ; et ce
qui nous est seul permis se sont les
palliatifs. Demain des maux, d’autres
maux, reparaîtront et nécessiteront
d’autres remèdes. Dans le moment
occupons-nous de ceux d’aujourd’hui.
Les extrêmes s’équilibrent. Mais cette
harmonie est sans cesse rompue — pour
se rétablir. Si elle ne se rétablit pas, si
l’un des facteurs prend une importance
exagérée, une crise s’annonce.
Et nous en sommes là aujourd’hui,
le capitalisme a suscité la crise. Il ne
peut la surmonter. Logiquement il doit
disparaître — comme facteur dominant
— et c’est la révolution communiste qui
se chargera de cette opération.
Mais le communisme n'apportera pas
le bonheur au genre humain, tout aussi
peu que n’importe quel autre ordre
social ne rétabliera l’âge d’or — qui
n’existe que dans les légendes.
L’intellectuel doit-il prendre une part
active à la révolution et préalablement
à l’organisation de celle-ci, ou bien, doit
il, se confinant dans son isolement et
réprouvant la violence, se contenter de
manifester sa symphatie aux masses en
révolte, pour s’en venir, après victoire
acquise, prendre sa place de dirigeant ?
La réponse à cette question ne peut se
faire unilatéralement dans l’un ou l’autre
sens. Nous ne sommes pas téméraire au
point de vouloir établir des règles infail
libles. Notre désir se borne, le problème
étant de brûlante actualité, à indiquer
la voie par laquelle nous pensons
pouvoir arriver au compromis qui
s’adapte à la situation.
L’intellectuel qu ’ un sentiment de
haute humanité anime, répugne à la
violence. Durant cinq ans il a combattu
les horreurs de la guerre des peuples,
comment pourrait-il maintenant approu
ver les horreurs de la guerre civile ! Il
a dénoncé les abus de la domination
d’une classe sur une autre, et l’ère
nouvelle débute par la dictature du
prolétariat. Ces dilemmes l’oppressent.
S’il se désintéresse de la lutte, il risque
de voir les foules se livrer à tous les
excès, celles-ci ne suivant que leur
instinct de haine pour ceux qui les
exploitaient et d’avidité de jouissances
immédiates. Et s'il prend part au combat,
ne court-il pas le danger d’être poussé
par les masses bien au-delà du point où
il voulait s’arrêter ? Et il faut qu’il se
décide. L’heure est pressante, qui
demande la collaboration de tous les
énergies.
Notre conclusion est celle-ci : nous
devons nous soumettre à des méthodes
que nous réprouvons “en elles,,, mais
qui seules, dans la conjoncture du mo
ment, ont une efficacité.
Paul MANTHY.