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Intimités puériles et
romanesques
I
Chambre d’hôtel
Dès le matin des musiques militaires chantèrent et versèrent
aux cœurs un goût d’héroïsme.
Nous avons vu l’étang, les moulins et l’église.
Voici le soir. Accoudons-nous à la fenêtre.
Entends strider le cri des trains et rêver l’âme des banlieues.
Les musiques des guinguettes chantent
Le bel hasard qui nous fit rencontrer,
Les grenadines sous les tonnelles
Et l’amour d’Alissa dans le cœur des Lulus.
Et chantent que le ciel est plus profond
Dans le petit miroir qui reflète tes boucles
Et qu’en notre amour banal qui s’est ému
11 tient peut-être un dieu.
Et dans vingt ans une vieille
Poussera cette porte
Et d un plumeau léger
Effacera de la glace l’ambre de notre souvenir.
II
Voici venir la mauvaise saison. La saison dure où de petits
cœurs roses d’Amours flottent aux vents. Une idylle aux lèvres
violettes sous un auvent grelotte. Au coin désert d’un village,
une veuve se penche sur un feu de sarments et baille dans le
silence de la chambre.
Ne demandons pas l’impossible, ne savions-nous pas que
cela finirait ainsi, quelque grand soir ennuyé. Nous le savions,
mais non pas que nos lèvres auraient un jour ce triste goût de
chair.
Quelle huile lisse redonnerait à nos corps la candeur des
luttes amoureuses et des illusions ? Hélas, je me penche sur tes
yeux et n’y vois briller nulle aurore nouvelle. — C’est, dit-elle, la
fatalité. — C’est, lui dis-je, la mauvaise saison.